L’ écriture comme transmission

J’ai fini de lire le livre « Sacrifiée » de Géraldine Ida Poundza. J’ai mis une semaine pour lire ce qui peut se lire en une soirée. Ma lecture était ponctuée de « perte » du livre et de distances. Je redoutais la partie difficile, la partie alerte « Tw » qu’on aurait indiqué dans un thread Twitter.

Samedi 09 juillet 2022, je me rendais à la séance de dédicace. J’ai eu connaissance de la sortie du livre par un mail d’invitation à cette séance reçu un mois plus tôt. J’étais en Espagne, je ne pouvais pas me procurer le livre aisément et cela faisait des mois depuis mon installation que je n’arrivais plus à lire. Mes livres amenés dans la valise et celui acheté restait en suspens de tourner la suite des premières pages.

La séance de dédicace du livre Sacrifiée à l’espace Harmattan

Ecriture comme outil de transmission

Je suis arrivée à la fin de cette séance qui était en même temps un débat sur le sujet suivant : « L’écriture comme outil de transmission« . Autant dire que je regrettais de ne pas avoir pu arriver à temps, surtout que l’évènement était suivi d’un très bon buffet donc j’aurais pu manger sur place.

La transmission, parlons en. Avant de me rendre à l’évènement, j’ai discuté avec ma mère du livre de Géraldine. A travers la lecture de la quatrième de couverture, on a pu discuter de ce que ça évoquait dans nos événements familiaux, son livre a permis une discussion, une transmission du passé.

Après la rencontre et séance dédicace du livre de Géraldine, j’avais prévu de me poser et profiter du soleil pour commencer la lecture de Sacrifié. A la suite de la phrase : « A la fin de la conversation avec Marie-Louise, je mis de la musique, en alternant entre celle du Congo, de la France et de la Guinée. »(p.22), je sortie mon portable pour ponctuée ma lecture de la playlist « Sacrifiée » créé par Regard sur le passé. Matipa, l’ un des fondateurs, m’avait partagé le lien de la playlist durant l’événement. Il faut savoir que la playlist a été composé spécialement pour le livre.

Commentaire sur la lecture du livre Sacrifiée

A la première lecture, la première chose que je me suis dite c’est : écrire sur soi c’est forcément écrire sur les autres :nos proches, ceux qui nous ont marqué et qui font partie intégrante de notre histoire. Je retrouvais des réponses à des questions que je n’avais pas osé poser. Je fus de nouveaux énervée contre le sexe masculin plus particulièrement celui d’origine congolaise. « N’oublie pas que c’est un congolais » écrivais-je une fois à une amie. Autrement dit : ne te laisse pas berner, reste à l’affut, reste sur le qui vive. N’oublie pas.

Dans cette lecture, j’ai retrouvé beaucoup de noms que je connais. Puis je me suis souvenue de la story Instagram de Griotek, l’équipe avait animé un jeu en demandant à ce qu’on indique des prénoms africains en commentaire. Naïvement, je demandais s’il y en avait, car à part ceux de l’Afrique de l’ouest et les noms composés typiquement congolais, je ne voyais globalement que des prénoms français ou des adjectifs français. D’ailleurs, ma mère m’avait indiqué que les parents piochait, selon la date de naissance, le prénom de leurs enfants dans le calendrier français. Dans le livre, je découvrais l’existence de noms congolais communs comme on pourrait parler des Dupont en France. Je doute que ces noms communs appartiennent à une même famille mais le Congo est tellement petit qu’on ne sait jamais…

Podcast regard sur le passé - Playlist Sacrifiée

Plusieurs fois dans la biographie, on parle d’Ida au lieu de Géraldine et je me demandais encore une fois pourquoi (selon les appellations des membres de ma famille) on utilisait au Congo plus le deuxième prénom que le premier. Combien de fois j’ai découvert le premier prénom de membres de ma famille par hasard et celui de mes cousines le jour de leur mariage ?

Contrairement au seul roman que j’ai lu faisant état du pays : Petit Piment  d’Alain Mabanckou. Dans le livre Sacrifié de Géradine Ida Pounza, le Congo est principalement en abondance et ça fait du bien de lire l’état du Congo lorsque le pays se portait bien. On lit,tout de même, des inégalités au seins des membres de sa famille. Je retrouve les « reconnaissances de dettes » informelles. J’ai compris pourquoi on recevait toujours des personnes à la maison. Notre expérience nous donne de l’empathie envers ceux qui semblent traverser les mêmes contraintes.

1982: La vie en France de Géraldine démarra en 1982 comme la mère de Mairam Guissé selon le documentaire « La vie de ma mère » (vu cette semaine en replay sur France 3 TV) et comme la vie de ma mère. Je suis obligée de m’interroger sur les conditions politiques françaises et congolaises de 1982.

J’aurais pu intitulé ce blog « pourquoi » et d’ailleurs dans sa première appellation le titre signifiait « Qu’est ce que ça signifie ? ». Le fait de se poser des questions fait partie de ma vie et lire le récit de Géraldine m’a laissé plein d’interrogation qui ne semble pas résolue « quarante ans plus tard ».

A la question « l’écriture comme transmission ? » qui était le titre de la séance de dédicace du livre. Je réponds totalement oui car pour moi écrire a été un exécutoire mais également une manière de transmettre ce qu’on ne m’avait pas transmis.

Pourquoi lire Sacrifiée de Géraldine Ida Poundza ?

Livres de Géraldine Ida Poundza
  • Portrait de modèles de réussites (ses filles !)
  • Portrait de la République du Congo lorsqu’elle était un pays plein d’abondance (infrastructure, train, grand marché, les bourses étudiantes payés à temps)
  • J’aime comment Géraldine met comme un point d’honneur à rendre hommage à toutes ces personnes qui ont marqué sa vie (nom et prénom si possible)
  • Pour vivre comment le manque de communication mais surtout comment le silence peut être une agression
  • Plan culturelle (différentes langues : Lari, Kintoumba / Kikongo,Français), case ronde « appelée bongui« , « la cathédrale de Brazzaville, l’église Saint-Anne » (p.92)
  • Plan culinaire : foufou, manioc, feuille de manioc, farine de manioc, ignames, gombo, banane douce, ntoudous, fumbu. J’ai découvert comment est composé le plat « Trois pièces », que ces petits filaments sont en fait des feuilles coupées par des femmes.« Consommée comme un légume (feuille de foumbou), elle était coupée en petits filaments. Son commerce était le plus souvent exercé par les femmes. » (p.69)
  • Plan d’histoire : Le savais-tu ? « Les grands commerces étaient tenues par les portugais« , « Troisième président (Marien Gouabi 31/12/1968) après l’indépendance du pays le 15 août 1960, il avait succédé à Alphonse Massamna-Débat et à Fulbert Youlou », « guerre civile de 1988 », « La ville (de Goma Tsé Tsé) détruite à 80% lors de la guerre »
  • Plan géographique : le village de Mika Mbana, la ville de Goma Tsé Tsé, Brazzaville, Pointe Noire, Eglise notre dame de Rosaire de Bacongo, Eglise Saint Anne, Madingou, « Poto-poto, dans les quartiers nord de Brazzaville », « nous venons de Brazzaville et nous allons à Mpika-Bana »

Livre lu en juillet 2022. Mis à jour le 17 juin 2023 et en Décembre 2023. Puis mis à jour pour publication le 03 Mars 2024

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